La mort récente de Robin Williams ainsi que l’analyse médiatiques des circonstances ayant poussé cet homme de grand talent à s’enlever si brusquement la vie m’apparaît être une occasion intéressante, pour nous tous, d’investiguer où nous nous situons face au «moment présent». Loin de moi l’idée de suggérer une quelconque raison ayant pu mener l’acteur à poser ce geste, mais il a été souligné que le comédien accumulait de façon anarchique les projets professionnels, menant ainsi une vie marquée par l’angoisse, l’anxiété ainsi qu’une profonde appréhension de l’avenir.

Le jour suivant l’événement, lors d’une discussion avec Jonathan, un proche collaborateur, une expression fort intéressante me fut suggérée: Courir pour Devenir! N’est-il pas vrai que plusieurs d’entre nous courons de façon effrénée, tels de petits rongeurs dans leur roulette, afin de répondre à un avenir somme toute illusoire? Nous évoluons à pleine vitesse dans cette chimère, échappant ainsi à la seule réalité à notre portée: le présent. Cette observation me ramène inévitablement à mon adolescence où, comme encore aujourd’hui, on invitait les étudiants à remplir questionnaires et autres tests d’orientation afin de répondre à cette angoissante question: Plus tard, que deviendras-tu pour être heureux? C’est alors que nous entamons avec ardeur un parcours académique confus, tentant souvent de compenser vainement un retard créé de toute pièce. Surprenamment, cette façon plutôt chaotique d’engager la vie est devenue, pour plusieurs d’entre nous, un état inconscient et permanent.

Les pratiques pleine conscience

Comme nous le souligne Alain Braconnier, psychologue et auteur du livre Petit ou Grand Anxieux, il serait irresponsable et surtout très difficile de vivre seulement dans le «ici et maintenant»; l’humain n’ayant pas de récepteur spécifique afin de saisir «l’instant», contrairement aux saveurs et aux odeurs. Cependant, ont été élaborées des pratiques simples, dites de pleine conscience, qui, exercées quotidiennement, permettent à l’individu d’avoir une meilleure compréhension de ce qui se passe en lui et hors de lui, donnant ainsi accès à une meilleure gestion du pessimisme ambiant ainsi qu’à un apaisement des angoisses personnelles.

Je n’élaborerai pas en détail ces pratiques dans ce billet, mais un simple exercice pouvant introduire ce principe fort intéressant peut être expérimenté dès aujourd’hui. Lorsque vous marcherez dans la rue, prenez le temps d’observer l’architecture vous entourant. Combien de fois avez-vous regardé votre quartier sans le voir? Appréciez, sans attente ni jugement, les matériaux utilisés, leurs couleurs, la texture des différentes constructions, les cicatrices témoignant du passage du temps, l’héritage patrimonial s’en dégageant… Pratiqué régulièrement, cet exercice permet d’accéder, même en parcimonie, à cette faculté retrouvée lors des premières années de l’enfance: la capacité d’expérimenter pleinement le moment présent.  Un état qui, inévitablement, favorisera l’expérience d’un regard plus serein et réaliste de l’avenir.